Nord-Kivu : La violence à Walikale met en péril la vie des civils et des travailleurs de la santé

Depuis le 19 mars 2025, la situation à Walikale, dans le Nord-Kivu, s’est considérablement détériorée à la suite de l’escalade des affrontements entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le M23/AFC, ainsi que leurs alliés respectifs. Cette violence a piégé les civils et les travailleurs humanitaires, notamment ceux de Médecins Sans Frontières (MSF), qui se trouvent dans une situation critique.

Les affrontements violents ont forcé plus de 80 % de la population de Walikale à fuir la ville, cherchant à échapper aux tirs d’artillerie et aux hostilités croissantes. Plus de 700 personnes déplacées se sont réfugiées à l’hôpital général de la ville, entraînant une surcharge des ressources médicales déjà limitées. Cela rend la situation encore plus complexe pour les équipes de MSF qui luttent pour répondre aux besoins urgents de santé de la population.

Le personnel de MSF a été contraint de suspendre ses activités médicales chaque fois que des combats éclatent. En raison des risques pour leur sécurité et celle de leurs patients, les équipes ne peuvent pas se déplacer librement pour fournir les soins nécessaires. La sécurité du personnel et des patients demeure la priorité absolue de l’organisation, comme l’a précisé Natalia Torrent, responsable des programmes de MSF au Nord-Kivu.

La violence à proximité de la base de MSF est devenue encore plus menaçante. Des explosions massives et des tirs intenses ont été entendus près de l’hôpital général de Walikale, où MSF aide le ministère de la Santé à fournir des soins médicaux. Il y a deux semaines, un tir croisé a même endommagé la base logistique de MSF, affectant plusieurs structures et véhicules de l’organisation, illustrant les dangers extrêmes auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires.

Outre les violences directes, la situation logistique demeure très préoccupante. L’absence de routes praticables et l’inopérationnalité de l’aéroport local compliquent l’acheminement de l’aide humanitaire. MSF a souligné que la dernière livraison aérienne a eu lieu le 17 janvier, et que les équipes sur place devront faire face à des pénuries de médicaments essentiels dans les deux prochaines semaines si la situation ne s’améliore pas.

La pénurie de médicaments et l’impossibilité d’acheminer les fournitures nécessaires aggravent la crise. Natalia Torrent a exprimé son inquiétude concernant la capacité de MSF à continuer de fournir des soins médicaux urgents, précisant que la situation logistique empêche l’arrivée des nouveaux stocks et du personnel essentiel. Cette pénurie met en péril la vie des patients qui ont besoin de soins médicaux immédiats, notamment des médicaments vitaux pour traiter les blessures et autres urgences.

Face à cette crise humanitaire, MSF a réitéré son appel à toutes les parties belligérantes pour qu’elles respectent et protègent les civils, les structures médicales et le personnel de santé. L’organisation a aussi demandé un accès sûr et garanti aux soins de santé pour toutes les personnes touchées par le conflit, et la facilitation de l’acheminement des fournitures médicales dans la région. MSF considère cette demande comme essentielle pour sauver des vies et réduire l’impact de la violence sur les civils.

Depuis 15 ans, MSF soutient l’hôpital de Walikale en collaboration avec le ministère de la Santé, en particulier pour les services de maternité, pédiatrie, néonatologie, et pour la prise en charge des victimes de violences sexuelles et sexistes à travers sa clinique de Tumaini. MSF soutient également une dizaine de centres de santé dans la région, offrant des soins de santé généraux à une population déjà vulnérable. Cependant, la situation actuelle met en lumière les défis humanitaires colossaux auxquels MSF et les autres acteurs humanitaires doivent faire face pour maintenir l’accès aux soins dans une zone en guerre.

L’intensification des violences à Walikale est un rappel brutal des effets dévastateurs des conflits armés sur les populations civiles et les services de santé. Les équipes humanitaires sont non seulement exposées à des risques extrêmes, mais elles doivent également gérer des pénuries de fournitures essentielles, tout en faisant face à une logistique de plus en plus complexe. Le soutien international est crucial pour aider à atténuer la souffrance des civils et garantir que l’assistance médicale puisse parvenir à ceux qui en ont besoin.

La rédaction

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *