Depuis l’entrée officielle des forces de l’AFC/M23 à Bukavu le 16 février, la ville est plongée dans une situation économique difficile marquée par des scènes de pillages et de destructions. Si certaines activités ont repris lentement ce lundi, les effets de ces événements dramatiques continuent d’être ressentis.
Destruction et Pillages au Marché Central et à la BRALIMA
Les dégâts ont été particulièrement lourds dans des zones stratégiques comme le marché central de Kadutu, où des pillards ont envahi les installations de la Société Coopérative du Kivu (SOCOOKI). Des centaines de jeunes ont détruit les portes des magasins, emporté des biens de valeur, tels que des télévisions, des téléphones et des vêtements, et mis le feu à plusieurs dépôts. Ces pertes sont évaluées à plusieurs millions de dollars et risquent de ramener l’économie locale à plus de cinq ans en arrière.
Dans la commune de Bagira, l’usine de la BRALIMA a également été durement touchée. Les pillards ont envahi les entrepôts de l’entreprise, emportant plus de 100 000 caisses de boissons, dont une grande partie était destinée à ravitailler Goma. Des destructions ont également eu lieu dans les bureaux administratifs de l’usine, mettant en péril la reprise de la production, qui pourrait prendre de trois à six mois, voire jusqu’à un an si des financements urgents ne sont pas trouvés. La boisson volée a été bradée dans différents quartiers, provoquant des scènes de fête parmi la population.
Reprise Timide des Activités à Bukavu
Malgré les pillages, la vie reprend lentement dans certaines zones de Bukavu. Ce lundi 17 février, certains marchés tels que Beach Muhanzi, Kadutu, Nyawera et Nguba ont rouvert leurs portes. Les commerçants proposent principalement des produits alimentaires de première nécessité, comme de la viande, du poisson et des denrées de base. À Beach Muhanzi, des vendeurs de viande et des pêcheurs ont repris leurs activités, bien que le marché soit loin d’être aussi animé qu’à l’accoutumée.

Cependant, dans le centre-ville et au marché central de Kadutu, de nombreux magasins restent fermés, et ceux qui ont rouvert sont majoritairement occupés par des petits commerçants à la sauvette. Les propriétaires des magasins pillés observent impuissants les dégâts, et la ville peine à se remettre des destructions.
Taux de Change et Problèmes de liquidités
En parallèle, le taux de change a connu une légère baisse, se négocie désormais autour de 2600 FC pour 1 dollar, contre 2800-2850 FC ces derniers jours. Toutefois, cette baisse n’a pas permis de résoudre les problèmes économiques, car la spéculation persiste, et les habitants se plaignent de la rareté des liquidités. L’absence d’activités bancaires à cause des perturbations accentue cette pénurie, complétant encore l’accès aux Francs sur le marché.

Transport en Difficulté et Manque de Services Publics
Le transport reste également un défi à Bukavu. Très peu de véhicules de transport en commun circulent, et les taxis motos sont la principale option pour les déplacements, souvent avec trois passagers par moto. À 12h, au parking du Lycée Wima, aucun véhicule n’était visible pour assurer le transport vers Walungu. Les services publics, ainsi que les grandes entreprises et institutions financières, n’ont toujours pas repris leurs activités.

Il importe de signaler que, les activités scolaires et académiques n’ont pas encore repris sur l’ensemble de la ville de Bukavu sous occupation de M23/AFC.
En dépit de cette situation difficile, les habitants de Bukavu attendent une stabilisation progressive de la situation et un retour à la normalité dans les jours à venir. Mais avec des pertes économiques massives et des infrastructures fortement impactées, la route vers la reprise sera longue et semée d’embûches.
Glad Koko Musema